Le népotisme : frein ou accélérateur à l'embauche ?
Présent dans toutes les cultures, le népotisme est plus ou moins ancré jusqu’à devenir dans certains cas un véritable frein au développement. Il ne faut pas confondre ce phénomène avec le relationnel qui consiste à se faire connaître, à promotionner ses compétences notamment par les techniques de réseautages. Si on associe souvent le népotisme à la kakistocratie (1) et comme étant un facilitateur de corruption, cela peut également être un gage de sécurité pour le capital des entreprises familiales. Enfin, suivant Philippe Bouvard : « Le népotisme constitue la seule arme absolue contre le chômage de certains jeunes. »
Aux origines du mot
« À l’origine, il y a le mot “neveu”. “Nepos”, ça signifie “neveu” en latin… », explique le sémillant Frédéric Pommier sur le site de France Inter.
« Nepos » a donné « nipote » en italien… Et c’est au XVIème siècle que le mot « népotisme » est apparu. D’abord donc en italien : « nipotismo ». Au Vatican, le népotisme, « nipotismo », s’employait pour parler des faveurs accordées par de nombreux papes à leurs proches. Et notamment à leurs neveux. Les faveurs, c’était des titres ou des postes prestigieux et rapportant de l’argent…
Le népotisme sur le lieu de travail
« Amener des amis et de la famille dans votre entreprise peut être délicat. Que vous les ayez embauchés ou non pour les bonnes raisons, il peut être difficile pour les employés existants de s’adapter. Ci-dessous, nous détaillons certains effets du népotisme sur le lieu de travail, et comment gérer l’embauche d’amis et de membres de la famille. », propose tout d’abord Alai sur son Blog and Science.
(…) Le népotisme est plus courant dans les entreprises familiales, les organisations à but non lucratif et les petites entreprises. Souvent, le membre de la famille employé n’est pas en mesure de remplir son rôle avec succès. En outre, la création d’un plan de poste spécifiquement adapté à un parent est également une forme de népotisme, tout comme l’établissement d’un examen d’entretien auquel le parent a déjà reçu toutes les réponses.
Il est important de noter que toute embauche d’un ami ou d’un parent à des fins de gestion ne relève pas du népotisme. Dans le cas où l’ami ou le parent embauché est très expérimenté, compétent et travailleur, il ne s’agit pas de népotisme – simplement d’une embauche logique. Le népotisme fait spécifiquement référence à des scénarios dans lesquels l’employé apparenté n’est tout simplement pas adapté au poste, ou injustement avantagé sur le lieu de travail.
Le népotisme n’est pas illégal en tant que tel dans le secteur privé (il existe des réglementations plus strictes pour le secteur public). Cependant, en Australie, la direction est tenue de divulguer tout conflit d’intérêts potentiel. Ainsi, si un nouvel employé ou un membre du conseil d’administration est un parent, ils doivent être francs à ce sujet.
Le népotisme et les avantages injustes
« Le népotisme est la pratique consistant à favoriser les membres de la famille ou les amis par rapport aux autres, tandis que les avantages injustes font référence à des situations dans lesquelles une personne ou un groupe bénéficie d’un avantage sur les autres qui n’est pas fondé sur le mérite. Ces deux pratiques peuvent être préjudiciables aux entreprises, aux organisations et à la société dans son ensemble. Dans cette section, nous explorerons l’introduction au népotisme et aux avantages injustes, y compris leurs définitions, leurs causes et leurs effets. », proposent de leurs côtés les communicants de l’incubateur dubaïote Faster Capital.
Définitions
Le népotisme est une forme de favoritisme qui consiste à accorder un traitement préférentiel aux membres de la famille ou aux amis. Cela peut se produire dans divers contextes, notamment dans les affaires, la politique et le divertissement. En revanche, les avantages injustes font référence à des situations dans lesquelles une personne ou un groupe bénéficie d’un avantage sur les autres qui n’est pas fondé sur le mérite. Cela peut inclure des facteurs tels que la race, le sexe ou le statut socio-économique.
Causes
Le népotisme et les avantages injustes peuvent être causés par divers facteurs. Dans certains cas, cela peut être dû à un manque de diversité ou à un désir de conserver le pouvoir ou le contrôle. Dans d’autres cas, cela peut être le résultat de préjugés inconscients ou d’un manque de conscience de l’impact de ces pratiques. De plus, le népotisme et les avantages injustes peuvent être perpétués par des normes et traditions culturelles qui donnent la priorité aux liens familiaux plutôt qu’au mérite.
Effets
Les effets du népotisme et des avantages injustes peuvent être considérables. Sur le lieu de travail, cela peut entraîner une baisse du moral, une baisse de la productivité et un manque de confiance entre les employés. Cela peut également créer une perception d’injustice et entraîner des problèmes juridiques et éthiques. Dans la société, ces pratiques peuvent perpétuer les inégalités et limiter les opportunités pour ceux qui n’ont pas accès aux mêmes connexions ou ressources.
Avantages et inconvénients du népotisme
« Êtes-vous partagé entre les avantages et les inconvénients du népotisme ? Il est temps de peser la balance et d’envisager l’impact sur la méritocratie, la loyauté et l’équité. », estime pour sa part Jordan Layne sur son site Ablison.
Si le népotisme peut offrir des opportunités aux membres de la famille et favoriser l’unité, il peut également porter atteinte à la diversité et entraver les compétences.
Dans cet article, nous explorerons les avantages et les inconvénients du népotisme, vous aidant à naviguer dans l’équilibre délicat entre favoritisme et mérite dans les organisations.
Favoritisme au travail : comment lutter contre ce phénomène ?
« Favoritisme, népotisme, copinage… Comment reconnaître ces phénomènes qui minent la communication, la productivité et le moral des équipes et trahissent l’incapacité du manager à accomplir sa mission de façon saine et sereine ? Portrait d’un danger pour l’entreprise et conseils pour mieux le combattre. », présente Dalale Belhout sur le blog de Cegid Digitalrecruiters.
Reconnaître le favoritisme au travail
Le favoritisme au travail revient à octroyer un traitement préférentiel à un salarié sur la base d’éléments extérieurs au travail. En France, la loi prévoit l’égalité de traitement entre les salariés, d’après le principe « à travail égal, salaire égal » (article L. 2271-1 du Code du travail).
Attention, cependant ! L’attribution d’une prime, d’une marque de reconnaissance ou de tout autre élément pouvant, de prime abord, être perçu comme une preuve de favoritisme peut, en réalité, n’être qu’un avantage catégoriel provenant, par exemple, d’une convention ou d’un accord collectif. Pour reconnaître le favoritisme, il faut que la marque d’attention concernée soit le fruit de faits extérieurs au travail et à l’entreprise et issus de l’affinité que nourrit le supérieur hiérarchique pour son collaborateur.
C’est donc à la personne victime de ce traitement de faveur accordé à un autre collaborateur qui doit faire la preuve du favoritisme. Cette façon de gérer les équipes, en privilégiant certains employés au détriment d’autres collaborateurs, peut faire l’objet de condamnations. Le manager coupable de favoritisme encourt la nullité du traitement de faveur accordé, ainsi qu’une sanction pénale pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende (article L. 1132-4 du Code du travail).
Cas de figure :
le Financial Times met le Boston Consulting Group face à ses contradictions
« Les enfants d’une trentaine d’associés du BCG ont participé à un programme d’une semaine au sein du bureau de Londres pour découvrir les coulisses du métier. Une attention qui n’était pas au goût de tous : le personnel du bureau londonien a dénoncé une forme de « népotisme » qui va à l’encontre des positions publiques de l’entreprise. », rapporte la rédaction de Consultor.
L’événement, baptisé « programme d’été Bruce Henderson », du nom du fondateur du Boston Consulting Group, devait faire découvrir, le temps d’une semaine, l’univers des métiers du conseil au sein de l’entreprise. Mais il s’est transformé en pomme de discorde au sein du bureau londonien du BCG, où il s’est déroulé.
En effet, la trentaine de jeunes qui y ont participé sont des enfants de partners de premier plan. Pour le personnel du bureau de Londres, il s’agit ni plus ni moins que de « népotisme », rapporte le Financial Times.
« Ils ont eu droit à des visites de bureaux, à des dîners et à toutes sortes de choses qui ne seraient normalement même pas données aux candidats [à un emploi]. Ils en ont fait un peu des vacances pour les enfants des partners qui sont venus », a déclaré au journal un employé actuel du BCG. La fille d’un associé du bureau de Paris indique ainsi sur LinkedIn avoir lors de ce voyage appris les « bases du conseil en stratégie » et présenté un projet à « un panel de consultants seniors ».
Le népotisme en entreprise, c’est parfois la solution !
« Plusieurs affaires de népotisme ont récemment défrayé la chronique dans le milieu politique. Employer sa femme, son fils ou sa fille en tant qu’assistant parlementaire n’est clairement plus accepté aujourd’hui. Dans le monde de l’entreprise, de même, le népotisme est mal vu. Analyse par Ionela Neacsu, professeur assistant Stratégie et Innovation de Rennes School of Business. », propose enfin Ouest-France en diffusant un publi-rédactionnel de l’école en question.
(…) Et si ces entreprises familiales avaient, en réalité, parfois de bonnes raison d’agir ainsi ? Nos recherches mettent en évidence que le népotisme peut dans certains cas être une bonne solution. Lorsque l’environnement économique est très incertain, travailler en famille, en connaissant intimement ses collaborateurs, favorise la confiance et permet des ajustements rapides aux évolutions.
Lorsque l’environnement institutionnel est très fragile, que l’État assure peu de protection, que le droit est mal respecté, de même, le groupe familial constitue un soutien et peut se mobiliser pour aider l’entreprise à survivre. Les propriétaires d’entreprises familiales ne placent pas seulement de l’argent dans leurs affaires. Ils investissent des émotions. Ils ne cherchent pas seulement à gagner de l’argent. Ils conçoivent l’entreprise comme un enfant qu’il faut faire grandir. Ils attendent de leur engagement des bénéfices socio-émotionnels forts.
C’est cet investissement socio-émotionnel, en réalité peu pris en compte par la théorie économique classique, qui explique pourquoi la présence des membres de la famille au sein des entreprises familiales constitue souvent un atout. On sait que plus les liens familiaux sont forts, plus le dirigeant s’identifie à sa société, et que plus la famille est présente dans le capital, plus les gens de la famille sont nombreux à y travailler.
(1) Kakistocratie, lire : Victime d’un manager incompétent ? Bienvenue en « kakistocratie » !
Illustrations du dossier : Pixabay, Adobe Stock/Tada Images, Fotolia & Copilot Dall-E.
