Pôle emploi devient France Travail : que peut-on en dire ?
Il est encore un peu tôt pour tirer un bilan de la mise en place, ou plutôt du réaménagement de Pôle Emploi mais on peut déjà constater que cette énième réforme ne se passe pas sans anicroches en interne d’une part et s’accompagne d’autre part d’un nouveau lot de mesures coercitives à l’intention des bénéficiaires d’allocations d’aide au retour à l’emploi.
« Les conseillers sont surchargés, ils doivent être revalorisés »
« Interview – Dans un contexte d’augmentation de la charge de travail des conseillers liée à la réforme de France Travail, la négociation annuelle obligatoire sur les salaires au sein de l’opérateur vient de s’ouvrir. Capital s’est entretenu avec Vincent Lalouette, du bureau national du SNU Pôle emploi FSU.», propose tout d’abord Sarah Asali dans Capital.
Un contexte particulièrement tendu, en pleine entrée en vigueur de la transformation de Pôle emploi , devenu «France Travail» le 1er janvier dernier. L’objectif poursuivi : renforcer l’accompagnement des demandeurs d’emploi. La direction générale de l’opérateur public pour l’emploi a convié les syndicats représentatifs à une première séance de négociation des salaires des agents dans le cadre de la NAO pour 2024, ce jeudi 29 février. Et «les attentes des salariés de notre institution sont grandes tant l’inflation a creusé leur pouvoir de vivre conjuguée à des augmentations de salaire insuffisantes les années passées», écrit l’intersyndicale dans un communiqué publié mardi.
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indemnisations : le gouvernement veut tripler les contrôles de France Travail sur les demandeurs d’emplois
« Depuis trois mois, l’exécutif manifeste sa volonté de durcir encore les droits à l’assurance chômage. Le Premier ministre, Gabriel Attal a annoncé être « prêt » à prendre des « décisions difficiles ».», rapporte Magali Cohen et Hans Lucas via l’Afp dans La Provence.
Toujours dans l’objectif du « plein emploi », le Premier ministre a annoncé qu’il était « prêt » à prendre des « décisions difficiles » pour « inciter au travail » alors que le gouvernement envisage une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Gabriel Attal a indiqué qu’il réunirait « à la mi-mars » un séminaire gouvernemental « dédié à la question du travail » pour notamment « préparer les grandes décisions » à prendre en la matière. Depuis trois mois, l’exécutif manifeste sa volonté de durcir encore les droits à l’assurance chômage, après deux réformes controversées en ce sens en 2019 et 2023.
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Tournée des popotes : Gabriel Attal à l’agence France Travail d’Épinal
« Gabriel Attal se trouve ce vendredi à Epinal, dans les Vosges, au sein de l’agence France Travail.« , raconte la rédaction de BFM qui retransmet une partie de cette visite en direct sur son site.
Ré-édit : « L’hypocrisie du modèle social français, responsable du chômage de masse » !
« En déplacement vendredi dans les Vosges, où il a annoncé une extension de la réforme du RSA, le Premier ministre a taclé l’hypocrisie du modèle social français, responsable du chômage de masse et adressé un message aux électeurs de Marine Le Pen. Un séminaire gouvernemental sur le travail est annoncé pour la mi-mars.», rapporte Alain Ruello dans Les Échos.
« Cela nécessitera des décisions difficiles et nous sommes prêts à les prendre » . En déplacement vendredi dans les Vosges, Gabriel Attal a affiché sa détermination à « tourner notre modèle social davantage vers le travail » qui doit toujours mieux payer que l’inactivité, selon lui. Le Premier ministre martèle ce message à chacune de ses sorties depuis une semaine. Mais cette fois-ci, le ton et les mots étaient particulièrement virulents.
« Trop longtemps notre pays s’est habitué à la fatalité, à la résignation face au chômage de masse, à la désindustrialisation, à la smicardisation », a-t-il déclaré dans les locaux de l’usine de machines Numalliance à Saint-Michel-sur-Meurthe, taclant au passage ceux (le RN) qui en font une « arme électorale sans proposer grand-chose ». Pour égrener ensuite les résultats de l’action engagée depuis 2017 : taux de chômage au plus bas depuis 40 ans, barre du million de jeunes en apprentissage franchie ou encore ces 300 usines qui ont fleuri.
Le modèle social accusé
Seulement voilà, cette « France qui travaille », « ces Français de la classe moyenne, de l’entre-deux, qui gagnent un peu trop pour toucher des aides mais pas assez pour être à l’aise en fin de mois » ne comprennent pas qu’on puisse avoir un taux de chômage à plus de 7 % et que leur entreprise n’arrive pas à embaucher , et donc à se développer. Tout en les appelant à ne pas céder à des « sirènes » (celles du RN, toujours), le Premier ministre a pointé du doigt le coupable : le modèle social.
Il ne s’agit pas de s’attaquer aux demandeurs d’emploi ou aux bénéficiaires du RSA, mais à un « système hypocrite » qui a entretenu le chômage de masse, créé des trappes à inactivité et qui a occasionné beaucoup de colère et de ressenti. « La vérité c’est que pendant des décennies les responsables politiques se sont contentés de verser quelques centaines d’euros d’aides pour solde de tout compte », a-t-il ajouté.
Ce constat dressé, le Premier ministre n’a pas dévoilé les décisions difficiles qu’il entend prendre pour parvenir au plein-emploi, objectif cardinal du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Un séminaire gouvernemental sur le travail prévu mi-mars permettra peut-être d’y voir plus clair.
Extension de la réforme du RSA
En attendant, on sait que cela passera par une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, « sans idée reçue ni tabou ». Cela passera aussi par le triplement du nombre de contrôles de recherche effective d’emploi par les chômeurs pour les porter à 1,5 million en 2027. Cela passera enfin par une généralisation en 2025 de la réforme de l’accompagnement des bénéficiaires du Revenu de solidarité activité (RSA) .
Gabriel Attal a profité de son déplacement pour officialiser les 29 départements s’ajoutant aux 18 pionniers qui expérimentent cette réforme depuis 2023. Dans les Vosges par exemple, la réforme concernera les bassins de Rambervillers et de Saint-Dié en plus de celui d’Epinal. En tout, ce sont 170.000 allocataires du RSA qui vont bénéficier d’un suivi intensif mené par les conseillers de France travail (ex-Pôle Emploi) et des départements dont les effectifs vont être augmentés.