Il n'y a pas de leadership sans confiance
“La confiance est un élément majeur : sans elle, aucun projet n’aboutit.” disait le regretté Eric Tabarly et c’est d’autant plus vrai dans le contexte professionnel. Hors, la confiance ne se décide pas du jour au lendemain. C’est un rapport qui se construit au fil du temps, jour après jour et qui prend toute sa dimension en cas de crise. Revue de presse sur le sujet :
Voici pourquoi la moitié des salariés français ne fait pas confiance à son chef
« Les attentes des salariés envers leur manager se sont décuplées ces dernières années. Mais leurs désirs et envies ne sont pas assez entendus. Explications. », propose tout d’abord Quentin Périnel dans Le Figaro
C’est une relation déterminante : celle que vous entretenez avec votre manager, votre N+1, votre chef! Celui qui tient au creux de ses mains votre vie professionnelle et votre carrière – ou du moins une partie… Une étude OpinionWay pour l’entreprise Tellent décrypte minutieusement cette relation entre un collaborateur et son chef.
Mensonge au travail : la confiance comme meilleure arme
« A l’ère du télétravail généralisé, la question du mensonge au travail est complexe et touche à la confiance entre employeurs et salariés. Ainsi, la confiance influence considérablement l’honnêteté et l’engagement des employés. », estime de son côté Angela Sultan dans la Harvard Business Review.
Alors que le télétravail se généralise, la question de la confiance entre employeurs et salariés devient cruciale. D’un côté, les managers s’inquiètent de la productivité des travailleurs à distance, craignant qu’ils ne soient tentés de mentir sur leur temps de travail effectif ou leur contribution réelle. De l’autre, les collaborateurs aspirent à une plus grande flexibilité et autonomie, et rejettent le sentiment de surveillance constante. Faut-il surveiller de près les employés à distance pour s’assurer qu’ils travaillent réellement ? Ou bien la confiance est-elle le meilleur moyen de garantir leur engagement et leur productivité ?
Management : « La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres »
« Lors du Salon du Management 2024, Pascal Demurger, directeur général à la MAIF, a défendu l’importance de mettre en place du management par la confiance au sein des entreprises. Découvrez-le dans la vidéo ci-dessus en 5 minutes chrono. », propose Léa Lucas dans Courrier Cadre.
Il existe de nombreuses formes de management. Selon le directeur général à la MAIF, Pascal Demurger, présent lors du Salon du management à Paris le 27 février 2024, l’axer autour de la confiance est « essentiel ». La société d’assurance française a mis en place le management par la confiance il y a une dizaine d’années, rappelle-t-il, car « tout le monde y gagne à avoir confiance dans l’autre a priori. »
Conséquence ? « Nous sommes sortis d’un management hiérarchique classique qui repose toujours sur le même triptyque « Je donne un ordre, j’en contrôle l’exécution et j’en sanctionne le résultat ». Cela laisse très peu d’initiatives à l’individu. Nous, au contraire, nous cherchons à élargir son champ de marge de manœuvre (…) de sorte à ce qu’il ne soit pas enfermé dans un process défini par d’autres au-dessus de lui. »
Règle n°1 : « Ne pas dire plus que ce que l’on fait »
Et selon le dirigeant, le management par la confiance fonctionne « dans les deux sens. La confiance, c’est aussi celle des collaborateurs à l’égard de leur manager, ou de l’ensemble du corps social à l’égard de l’entreprise. » Une notion qui résonne particulièrement chez les jeunes générations d’actifs dont « le niveau de vigilance, d’exigence est plus élevé » à l’égard des « promesses qui sont faites », poursuit-il. « Si la réalité ne correspond pas strictement aux discours tenus, la sanction est immédiate et extrêmement forte avec une capacité à changer d’entreprise qui est beaucoup plus importante aujourd’hui ». Il reconnaît que ce niveau d’exigence est « salutaire » et impose « à un chef d’entreprise d’assumer ses responsabilités. »
Préserver la confiance des équipes en interne est tout aussi important que conserver la confiance des clients, des citoyens, ou de potentiels futurs talents en externe : « La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres », commente le patron de la MAIF. En cas de scandales qui viendraient ébranler une entreprise, « les choses vont très vite. Quand on trahit la confiance de l’autre, il faut énormément de temps, énormément de preuves pour la reconquérir. Aujourd’hui, tous les écarts, même relativement peu importants, entre ce qui est affiché et la réalité sont, là encore, très fortement sanctionnés. » De plus, l’omniprésence des médias et des réseaux sociaux rend le moindre écart « plus visible et moins supportable pour le public. » In fine, la règle n°1, selon lui, est de « ne pas dire plus que ce que l’on fait ! »
Équipes performantes : les effets positifs de la confiance partagée
« Nous savons depuis longtemps que la confiance joue un rôle clé dans la performance des équipes. », expliquent de leurs côtés Tessa Melkonian, Marion Fortin et Yannick Griep dans The Conversation.
De nombreux travaux l’ont mis en évidence ces dernières années. La confiance facilite la communication dans les relations en favorisant l’ouverture, la familiarité et la fiabilité, qui impactent à leur tour la performance de l’équipe. Mais cette notion de confiance reste essentiellement comprise (au niveau des recherches scientifiques) et abordée (au niveau des pratiques d’entreprises) comme une relation ente deux individus, ou entre un individu et un groupe.
Or, en analysant uniquement les effets de variables du type « j’ai confiance en mon manager » ou « j’ai confiance en mes coéquipiers », les études classiques ne capturent pas le degré de convergence des perceptions de confiance ni son effet potentiel sur la performance. En d’autres termes, nous savons si les membres de l’équipe ont confiance en leur manager ou leur équipe au sens large, mais nous savons rarement si les membres de l’équipe ont tous confiance les uns envers les autres.
Confiance et management : une approche sociologique
« La confiance au travail est une notion bien plus complexe qu’elle n’apparaît dans les écrits en vogue. Pour la comprendre, il faut prendre en compte la notion du pouvoir inhérente à toute action collective. », estime pour sa part François Dupuy dans la Harvard Business Revue.
Faire confiance aux managers apparaît de plus en plus comme la solution aux phénomènes de retrait du travail qui s’expriment de façons diverses chez toutes les catégories de salariés. Ce thème de l’importance des relations de confiance n’est pas nouveau : il a donné lieu, depuis un quart de siècle, à une floraison impressionnante d’ouvrages et d’articles. On peut y voir une alternative aux dégâts causés par la coercition bureaucratique qui a envahi les organisations et dont l’échec patent pousse à la recherche pour l’encadrement de nouvelles façons d’« animer » son équipe. De même, les difficultés rencontrées par les entreprises pour introduire des modes de travail coopératifs montrent la difficulté de faire fonctionner de façon plus harmonieuse et pense-t-on plus efficace les collectifs de travail. Ainsi fut créé un « Trust Management Institute », actif en France et en Allemagne (« Confiance et défiance dans les Organisations », de Roland Reiter et Bernard Ramanantsoa, Economica, 2012).
Le management par la confiance : les leçons d’un militaire
Enfin et pour conclure cette série d’articles, Xerfi Canal a reçu le Général Vincent Desportes, ancien Directeur de l’Ecole de Guerre, professeur associé (Sciences Po, HEC Paris) et Président de Stratforce Conseil, pour parler de la confiance dans le leadership. Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
