Attention aux conséquences du « stress numérique » au travail

J’ai remarqué que lors de nos réunions hebdomadaires, nombre d’entre nous sont scotchés à leurs smartphones, à leurs ordinateurs… Ces objets qui se substituent peu à peu à nos bons vieux carnets de notes devenus obsolètes. C’est un phénomène qui s’est insinué dans quasiment tous les moments de notre vie : dans la rue, dans les transports, à la fac, dans les salles d’attente, au bureau, en réunion… D’un point de vue sociologique, cette « hyperconnexion » a profondément bouleversé non seulement notre rapport à l’autre mais aussi notre comportement en général voir notre vision du monde. On pense que le smartphone décuple cette vision mais ne serait-ce pas le contraire ? Ne serait-ce pas une énième version du miroir de la Caverne de Platon (1) ?
Au delà de cette réflexion, le risque de pétage de plomb consécutif à ce que l’on nomme désormais « le stress numérique » est bien réel et il va falloir apprendre à se discipliner dans l’utilisation de ces outils addictifs qui captent en permanence nos attentions. Un phénomène qui serait responsable d’une perte de 30% de productivité dans nos entreprises. Voici donc quelques pistes pour vous aider à rétablir l’équilibre.

hyperconnexion :
Les conséquences de ce stress ne sont pas que mentales.

« Mails, visioconférences, messages… Les outils numériques prennent de plus en plus de place au travail et en sont un facilitateur.« , constate la rédaction de 20 Minutes.
Mais ils portent aussi le risque d’un « stress numérique », alors qu’une étude récente indique que 31 % des salariés sont exposés à une hyperconnexion. « Les mails, les outils de télé-réunion, les messageries internes, l’accès à Internet (…). Tous ces outils ont bouleversé notre vie », a rappelé cette semaine William Dab, épidémiologiste et ex-Directeur général de la santé lors d’une conférence intitulée « Le stress numérique, un risque émergent ».

Trop d’informations à traiter

« Se pourrait-il que ces outils, ou plus exactement les usages de ces outils, soient en train de se retourner contre nous ? », a-t-il questionné, lors de cette intervention dans le cadre du salon Préventica dédié à la santé et la sécurité au travail. « Ce que je trouve compliqué depuis relativement récemment, post-Covid et confinements, c’est la multiplication des canaux, qui fait qu’on ne sait plus d’où ça vient », entre les mails, messages par Teams, WhatsApp, Zoom, les SMS…, témoigne auprès de l’AFP Adrien Debré, avocat dans un cabinet d’affaires. « Ça rend la gestion des flux pénible. C’est comme des poupées russes qu’il serait nécessaire d’ouvrir », dit-il.

Avec le télétravail et des organisations « de plus en plus éclatées physiquement », « on est toute la journée derrière nos écrans », rapporte aussi Jérôme, cadre dans le secteur bancaire, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Même au bureau, les réunions en visio s’enchaînent « à un train d’enfer ». « Ça fatigue », dit-il. Pour le professeur William Dab, « on va parler de « stress numérique » quand la quantité d’informations disponibles que nous devons traiter dépasse notre capacité », un sujet « en train de monter » sous différentes appellations : « infobésité », « pénibilité numérique » ou « technostress ».

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conférence :
« Le stress numérique, un risque émergent » par William Dab

Les outils numériques permettent de faciliter les échanges et de gagner du temps. Sans eux, le télétravail total ou partiel ne serait pas possible.
Ils facilitent l’articulation entre la vie professionnelle et la vie privée et offrent aussi un avantage écologique. Mais il y a aussi le revers de la médaille et ces avantages sont contrebalancés par des inconvénients, notamment l’émergence du stress numérique.
Quels sont-ces inconvénients ? Quel est leur impact sur la santé ? Comment les éviter ou les diminuer ? Ce sont les questions auxquelles répondra cette conférence du Professeur William Dab [Je vous préviens, il est un peu mou 🙂 mais on s’y fait – ndlr].

Visionner la conférence :

statistiques :
Consultez l’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique (OICN)

L’OICN étudie les impacts sociaux, organisationnels et environnementaux de la surcharge informationnelle. Il quantifie, décrypte et anticipe les mutations du travail grâce à l’analyse des données des usages des outils collaboratifs.
Ses missions sont d’organiser la réflexion au sein de groupes de travail thématiques (Labs) et faciliter le passage à l’action avec des ateliers collectifs, la mise en avant des innovations, des retours d’expérience documentés et de produire les contenus de référence sur l’état de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique en France et ses perspectives.
Les membres de l’OICN : Laboratoire MICA de l’Université de Bordeaux Montaigne, Chaire FIT² de Mines Paris PSL, Mazars, Mailoop, Dalkia et Temana Conseil.

https://www.infobesite.org

quelques pistes :
Pour juguler l’infobésité en entreprise

Pour préserver la santé mentale des employés et maintenir l’efficacité opérationnelle, voici quelques stratégies pour gérer efficacement cette surcharge d’informations.

1/Centralisez les informations : Utilisez une plateforme de communication unique, un réseau social d’entreprise par exemple, pour rassembler toutes les données. Cela évite la dispersion des informations et facilite leur accès.

2/Hiérarchisez les informations : Identifiez les données essentielles et celles qui sont moins importantes. Concentrez-vous sur ce qui est crucial pour votre travail. Stockez les informations pertinentes de manière claire et précise. Évitez la dispersion et la confusion.

3/ Réduisez les interruptions : Bloquez des plages horaires pour vous concentrer sur des tâches sans être interrompu par des notifications constantes.

4/Limitez et créez des règles de tri pour filtrer et organiser automatiquement vos emails en fonction de leurs pertinences. Les courriels sont chronophages. Fixez des créneaux précis pour les consulter, plutôt que d’y répondre constamment.

5/ Sensibilisez les employés : Informez-les sur les effets négatifs de l’infobésité et encouragez des pratiques saines de gestion de l’information.
Formez vos collaborateurs : Organisez des sessions de sensibilisation sur la gestion de l’information. Apprenez-leur à filtrer et à traiter efficacement les données.
Établissez des procédures claires : Définissez des protocoles pour la collecte, le stockage et le partage d’informations. Cela évite les redondances et les pertes de temps.
Favorisez la communication directe : Privilégiez les discussions en personne ou par appel vidéo plutôt que les échanges écrits. Cela réduit le volume d’informations à gérer.

En appliquant ces mesures, vous pourrez mieux gérer l’infobésité et améliorer votre productivité au travail. N’hésitez pas à adapter ces conseils en fonction de vos besoins spécifiques.

(1) L’allégorie de la Caverne de Platon
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