Pour une meilleure qualité de vie

PORTRAIT – Pendant plus de vingt ans, elle a exercé en tant qu’avocate d’affaires dans la région toulousaine. En dépit de sa réussite, elle décide de changer de vie à 50 ans en se formant aux massages énergétiques, et en déménageant pour ouvrir son cabinet près de Pau, au pied des montagnes.

/Assise derrière le bureau baigné de soleil de son cabinet de massages énergétiques à Gabaston (Pyrénées-Atlantiques), Nathalie Eychenne en est certaine­ : « Je savais que je ne serais pas avocate toute ma vie. » Issue d’un milieu modeste près de Toulouse, elle rêvait de devenir chirurgienne. Mais, « mon niveau dans les matières scientifiques n’était pas suffisant pour débuter des études supérieures en médecine. J’ai procédé par élimination et le droit s’est imposé. J’ai tout de suite adoré ! », raconte-t-elle. Un parcours sans faute s’en est suivi : cinq ans d’examens universitaires réussis, puis un début de carrière dans un cabinet de conseils juridiques en tant que stagiaire à Toulouse, avant d’obtenir le statut d’avocate en 1993. Elle prête serment « enceinte jusqu’au cou », se remémore-t-elle, amusée.

Ni cette première grossesse, ni la seconde, qui viendra quelques années plus tard, n’entravent son ascension professionnelle. Pendant plus de vingt ans, elle exerce son métier avec passion : « L’immersion dans l’environnement de mes clients, à leur contact, était ce que j’aimais le plus. J’ai sillonné le grand Sud-Ouest pour les rencontrer, les écouter, comprendre leur problématique et les aider à trouver des solutions. » Nathalie s’est aguerrie au fil des années en gravissant échelons après échelons.

« Lorsque je suis devenue dirigeante au début des années 2000, j’étais toujours en mesure de comprendre le quotidien de mes équipes et de réaliser leurs tâches en cas d’absence. C’est important de garder cette autonomie quand on occupe des postes à responsabilités », affirme-t-elle. Puis arrive 2005 : un nouveau tournant dans son évolution. Le patron de la société s’en va, elle est propulsée associée codirigeante du cabinet JAMP. « Je ne pensais pas le devenir un jour, mais une succession de belles opportunités s’est présentée », souligne-t-elle. À ses côtés dans cette aventure : Laurent et Brigitte. « Notre trio fonctionnait vraiment bien ! », poursuit-elle.

Anticiper son départ

/Un coup dur, donc, quand elle leur annonce, en 2011, son départ de la société. Un changement qui n’a pas pris effet du jour au lendemain : « Je leur ai annoncé 5 ans avant que j’allais partir, précise Nathalie. Je voulais que notre collaboration se termine en douceur. Il fallait qu’on en parle, qu’ils aient le temps de se réorganiser, d’envisager la suite sans moi. » Cette annonce est le fruit d’une longue réflexion. « J’envisageais de travailler à temps partiel, mais j’ai vite réalisé qu’un entre-deux serait impossible. Les exigences de ce métier entraînent trop de stress. Je devais arrêter pour préserver ma santé et changer de vie. Si j’avais continué quelques années, j’aurais sûrement fait un burn-out », estime-t-elle. Les deux dernières années de passation avec sa remplaçante ont été les plus dures en termes de charge de travail. Fin août 2016, à l’aube de sa cinquantaine, Nathalie tire sa révérence. « J’étais prête à retrouver ma liberté. Vivre comme je ne l’avais encore jamais fait », s’exclame-t-elle. Jusqu’au dernier moment, l’inquiétude – liée à la perte d’un statut gratifiant et d’un salaire confortable – gagne ses proches. « Leur réaction n’a rien changé à ma décision. Je n’étais plus en adéquation avec ce milieu. Perdre de l’argent, c’était le prix à payer pour une meilleure qualité de vie », indique-t-elle, sans regret.

Avant de se lancer dans un bilan de compétences et réaliser de nouvelles formations, elle décide de partir voyager. Seule. Pendant plusieurs mois, elle vadrouille au Sri Lanka et en Indonésie, tout en griffonnant quelques poèmes dans de petits carnets. À son retour en France, « son désir de jeunesse refait surface », se rappelle-t-elle.

Des débuts difficiles

Elle veut étudier le Tuina et d’autres techniques de massage afin de pouvoir agir sur les douleurs physiques, comme les problèmes tendineux et musculaires. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Elle trouve une école renommée à Toulouse et apporte son aide bénévole pendant 3 ans au service de soins palliatifs de l’Hôpital Joseph Ducuing. Objectif : réduire les douleurs de malades atteints de cancers grâce à une technique de massage appelée Nursing Touch. Cette expérience a été « aussi enrichissante que douloureuse », car, au même moment, Nathalie perdait son père d’un cancer.  À l’issue de cette formation, Nathalie se lance en tant qu’indépendante dans le secteur du bien-être, ouvre un cabinet à Toulouse, mais fait face à des débuts difficiles : « Il y a beaucoup de concurrence dans les grandes villes, il faut se faire connaître, fidéliser sa clientèle… De plus, la crise du Covid-19 est passée par là, ce qui ne m’a pas aidée à démarrer ! Mon activité a décollé en septembre 2021. Je recevais deux à trois nouveaux appels chaque jour grâce à de bons prescripteurs. » Près de deux ans plus tard, l’envie de se rapprocher de la nature est forte : la quinqua décide alors de quitter la ville Rose pour s’installer à quelques kilomètres de Pau. Son nouveau cabinet, juxtaposé à sa maison verdoyante, attire les Palois et les Paloises : « En quelques mois seulement, j’ai reçu plus d’une trentaine de personnes. Je suis heureuse de constater qu’elles reviennent régulièrement. » D’après elle, 2024 sera une année « déterminante »« J’aimerais fidéliser ma clientèle actuelle, accroître ma visibilité, consolider mes revenus et collaborer avec des entreprises de la région afin de contribuer au développement du bien-être au travail (exercices énergétiques, massages assis et relaxation), comme j’ai pu le faire à plusieurs reprises avec une petite entreprise toulousaine », détaille-t-elle, tout en se disant « très optimiste pour la suite. Je ne me suis jamais sentie aussi épanouie qu’ici ! »

source Courrier cadres

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