Hello Work Par Julian Picot • Publié le
Le guide pour apprendre à dire non, avec Kamel Kajout et Nadia Bouali, du centre de formation et de coaching Graines de réussite.
Imaginez un instant : vous êtes face au recruteur, et tout semble parfait…ou presque. Quelque chose vous dérange. Cette offre, ce poste, ce salaire, cet environnement… Vous n’êtes pas convaincu. Le stress vous envahit : « Comment vais-je dire non sans froisser le recruteur ? » Kamel Kajout et Nadia Bouali, du centre de formation et de coaching, Graines de réussite, vous aident à réussir à dire non en entretien d’embauche.
Pourquoi est-ce si difficile de dire non ?
Dire oui au recruteur, c’est facile. Vous êtes dans une position confortable sur le moment : l’envie de plaire, de saisir l’opportunité, de montrer votre motivation. Est-ce vraiment la meilleure décision à long terme ? Pour Nadia Bouali, « il est essentiel d’apprendre à se fixer des limites ». En tant que candidat, le rapport de force est déséquilibré et refuser n’est pas si simple. C’est pour cela que certains experts parlent d’un « art de dire non ». Mais qu’est-ce qui, au fond, rend ce mot si complexe à prononcer ?
« Associer le non à un échec ou une faiblesse »
Dire non, c’est se confronter à l’inconfort et à la crainte de déplaire. « Le regard des autres et la pression sociale nous empêchent de dire non », précise Nadia. Refuser une proposition de salaire ou du télétravail peut faire peur : comment va réagir le recruteur ? Quelle réputation vais-je avoir ? Beaucoup de questions, souvent liées à ce que vont penser les autres, mais aussi à nos propres pensées. « Selon nos croyances personnelles, on peut associer le non à un échec ou une faiblesse », réagit-elle. Comme une démission, le refus est souvent perçu négativement. Mais êtes-vous sûr que le recruteur pense comme vous ? Peut-être… Ou peut-être pas !
« Le manque de compétence peut nous empêcher de dire oui »
Ces présupposés vous suivent parfois depuis votre plus jeune âge, où « nos croyances d’enfants nous imposent de toujours faire plaisir ». Un enfant recherche la reconnaissance et l’amour, « il faut qu’il dise oui à tout le monde ». Cette habitude peut vous suivre jusqu’à votre entretien d’embauche. Dire non peut alors s’avérer être une réelle difficulté : « Le manque de préparation peut nous empêcher de dire oui, parce qu’on n’a pas les stratégies pour répondre poliment », remarque Kamel. Dans ce cas, que faire ?
Comment développer ses compétences et apprendre à dire non ?
« Identifiez vos priorités pour formuler un refus constructif »
Avant même l’entretien, il est important de connaître vos critères non négociables. Pas de salaire en dessous de 2 000 euros ? Deux jours de télétravail minimum ? Des horaires flexibles ? « Si c’est clair dans votre esprit, votre réponse le sera aussi », selon Nadia. Qu’est-ce qui est important pour vous ? Qu’est-ce qui fait sens chez vous ? C’est la première étape : « Identifiez vos priorités pour formuler un refus constructif ». Si vous savez ce que vous ne voulez pas, il vous sera plus facile de dire non au recruteur le moment venu. « Il ne faut pas attendre de regretter avant d’agir. Quand vous aurez identifié vos priorités, ce sera plus facile d’identifier la demande », explique Kamel.
« Adoptez une posture assertive »
« Dans mon précédent poste, je suis arrivé face à mon patron pour demander une augmentation avec les épaules recroquevillées, je suis reparti comme un imposteur », raconte le directeur de Graines de réussite. Si vous avez peur ou si vous êtes hésitant en entretien d’embauche, il sera difficile de dire non. À l’inverse, si vous vous affirmez, le recruteur pourrait apprécier votre assurance, ainsi que votre capacité à prendre des décisions. « On a peur de vexer l’interlocuteur ou de mettre son évolution professionnelle au placard, mais on ne devrait pas ! », précise-t-il. Pour ne pas froisser le recruteur, il faut en revanche le respecter et prendre en compte ses considérations. Défendez vos droits, mais n’empiètez pas sur ceux des autres. « Adoptez une posture assertive : dites non avec fermeté, mais aussi avec empathie, en proposant une alternative par exemple ». Couper la poire en deux sur votre salaire ? Trouver un compromis sur vos jours de télétravail ? Excusez-vous, exprimez votre gratitude, déclinez l’offre et proposez une autre solution.