Assurance-chômage : le gouvernement enterre la réforme Attal
Les Echos Par Leïla de Comarmond, Alain Ruello le 2 octobre 2024
Astrid Panosyan-Bouvet a précisé les intentions du gouvernement sur l’assurance-chômage ce mercredi. Il ne demandera pas d’économies supplémentaires aux partenaires sociaux par rapport à ses exigences de 2023.

Michel Barnier a affirmé sa volonté de redonner la main aux partenaires sociaux sur l’assurance-chômage, mardi dans sa déclaration de politique générale devant les députés. Mais il n’a dit mot du cahier des charges que le gouvernement imposera au patronat et aux syndicats. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, qui s’exprimait pour la première fois publiquement depuis son entrée en fonction rue de Grenelle, leur a donné des assurances ce mercredi matin sur France Info.
« Ce que le Premier ministre a dit, c’est qu’il souhaite rouvrir la négociation et ce serait plutôt sur la base de l’accord de novembre 2023 qui avait été signé par trois organisations syndicales et par le patronat, a souligné la ministre. Sachant, a-t-elle ajouté, qu’en parallèle et en complément, il faut qu’on travaille sur la question des seniors et de l’aménagement de la réforme des retraites. »
Des assurances
« La base de travail sera celle qui avait l’agrément le plus large des partenaires sociaux », a insisté la ministre, faisant référence à l’accord signé entre le Medef, la CPME et l’U2P côté patronal, la CFDT, FO et la CFTC côté syndical . Elle répond là clairement à une demande unanime du patronat et des syndicats, qui craignaient que le nouveau gouvernement ne leur impose de chercher des économies supplémentaires alors que la réforme de Gabriel Attal, abandonnée le 30 juin , prévoyait 3,5 milliards d’économies une fois sa montée en charge réalisée.
Le menu des discussions s’annonce chargé avec, également, la question de l’aménagement de la réforme des retraites qui, selon elle, repose sur les sujets de l’emploi des seniors, de la pénibilité ou encore des carrières hachées.
Les échanges vont par ailleurs porter sur les salaires. Alors que le pouvoir d’achat constitue la préoccupation numéro un, Michel Barnier a annoncé une hausse de 2 % du SMIC au 1er novembre par anticipation de la revalorisation légale du 1er janvier, sans que cela constitue donc un coup de pouce en tant que tel. A ceux qui lui rétorqueront que le geste est insuffisant, Astrid Panosyan-Bouvet a renvoyé à la question des trappes à bas salaires – « beaucoup de gens sont scotchés au SMIC à vie » -, évoquant aussi les temps partiels subis qui frappent les femmes en grande majorité.
Faut-il plus largement organiser une conférence sur les salaires ? Si Michel Barnier ne l’a pas évoqué dans sa déclaration de politique générale, Astrid Panosyan-Bouvet y est favorable. « J’aimerais qu’on mette ce sujet sur la table, effectivement », a-t-elle déclaré. « Mais il y a déjà des choses sur lesquelles on peut avancer rapidement. C’est-à-dire qu’avant d’attendre la conférence sur les salaires, il y a peut-être des choses que l’on peut déjà ajuster lors des discussions budgétaires », a-t-elle assuré.
Trappes à bas salaires
Parmi ces « choses », figure en bonne place la question de la réforme du mécanisme d’allègement des cotisations sur les bas salaires qui, couplé avec les barèmes d’aides sociales et d’impôt sur le revenu, freine les salariés dans leur envie de progresser quand cela coûte trop cher à l’employeur. Pour remédier au problème, le gouvernement dispose du rapport des économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer qui sera présenté ce jeudi.
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Big bang en vue ? « Il faut faire attention à des mesures trop brusques parce qu’il ne faut pas non plus pénaliser l’emploi », a-t-elle insisté, ajoutant : « C’est ce qu’on va précisément regarder, sans aucun tabou. C’est-à-dire à la fois les trappes à bas salaires et puis un lissage pour éviter ces effets de seuils qui font qu’à 1,6 SMIC, vous n’avez tout simplement pas intérêt en tant que salarié sur votre salaire net et en tant qu’employeur à une augmentation. »