Les Geiq, un outil efficace pour lutter contre le chômage et recruter des profils atypiques

Les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) comblent les besoins en main-d’œuvre en formant des profils délaissés par les recruteurs.

En janvier, Pôle emploi devenait France Travail pour accompagner plus étroitement les chômeurs. Quel que soit le devenir de la réforme de l’Assurance chômage, censée les inciter au retour à l’emploi, le taux de chômage de la France se stabilisait encore à 7,5% au premier trimestre.

Loin du plein-emploi. Pour y parvenir, «il faut s’attaquer au noyau dur du chômage et traiter la question des reconversions. Cela signifie un travail d’accompagnement plus important», souligne Francis Levy, le délégué général de la Fédération française des groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq).

Les Geiq pourraient bien être une piste : gérées par des entreprises adhérentes en quête de main-d’œuvre, ces associations cherchent à intégrer durablement dans le monde du travail des demandeurs d’emploi de longue durée, d’autres publics éloignés de l’emploi et des personnes en reconversion.

Une trentaine d’années après la création du dispositif, environ 200 Geiq s’activent dans toute la France pour aider leurs entreprises à recruter. Selon l’observatoire de leur fédération, il en existe 22 dans l’industrie, pour 1300 salariés accompagnés en 2022, répartis dans 600 entreprises adhérentes. S’y ajoutent une trentaine de Geiq généralistes qui peuvent alimenter en salariés PME et grands groupes industriels. Pour amener vers l’industrie des profils inhabituels, les Geiq signent directement des contrats d’alternance avec eux, essentiellement de professionnalisation, avant de facturer leur mise à disposition aux entreprises pendant leur formation. Souvent, ces entreprises les embauchent par la suite : près de 70% des salariés des Geiq industriels ont trouvé un CDD de plus de six mois ou un CDI à l’issue de leur formation en 2022.

Une prise en charge complète

Au printemps, le groupe aéronautique Collins Aerospace a ainsi intégré deux salariés du Geiq Centre-Ile-de-France, ex-chômeurs de longue durée, en formation à des postes de monteurs dans son usine de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). «Nous voulions arrêter de recruter systématiquement des bacs pro aéronautiques pour notre ligne de production, afin de donner leur chance aux personnes éloignées de l’emploi», explique Michael Batrancourt, le DRH du site. Celui-ci apprécie aussi de pouvoir compter sur le Geiq pour se charger d’une formation poussée de ces salariés. Un vrai plus par rapport à son expérience avec France Travail.

«L’intérêt de passer par nous est que l’on s’occupe de tout ! Nous analysons le poste, le besoin, puis nous réalisons l’ingénierie pédagogique adéquate», souligne Virginie Korakis, la directrice du Geiq Centre–Île-de-France. Des organismes de formation externes entrent souvent dans la boucle pour mener l’alternant vers un certificat de qualification professionnel, dans le secteur industriel. Les Geiq s’occupent par ailleurs de la gestion de la paie et des difficultés éventuelles d’insertion du salarié dans le monde du travail. «Ce type d’association est un tiers qui fait tampon en cas de difficultés», relève Francis Levy. Pour des raisons diverses, qui vont de soucis personnels à l’acceptation de propositions d’embauche d’autres entreprises en cours de formation, 10% des salariés recrutés par les Geiq dans l’industrie ne vont pas au bout de leur alternance.

En amont de l’arrivée d’un alternant sur une ligne de production, les représentants des Geiq doivent souvent convaincre les chefs d’équipe de l’intérêt de la démarche, alors que ces derniers préféreraient travailler avec une personne plus rapidement opérationnelle. Mais le Geiq n’est pas l’intérim… Les plus réceptifs comprennent néanmoins que le dispositif peut les soulager d’une partie de la charge de formation.

Préparer les alternants à leur avenir

Les Geiq sont aujourd’hui affectés par la baisse du nombre de demandeurs d’emploi, alors que France Travail fait partie de leurs principales sources de candidats. Face à ce constat, ils cherchent à préparer davantage les futurs alternants en amont de leurs parcours habituels. «Nous sommes contraints de leur faire passer une préqualification, car ce sont des personnes toujours plus éloignées de l’emploi qui auraient parfois du mal à occuper un poste immédiatement», constate Frédéric Bochet, le directeur du Geiq industries de Savoie.

En Franche-Comté, le Geiq industriel a lancé sa propre entreprise de travail temporaire en 2019. «Cela permet de mettre en confiance nos entreprises adhérentes en ajoutant des étapes à nos parcours, face à des candidats aux trajectoires très atypiques», indique sa directrice, Émilie Mège. La suppression, en mai, de l’aide à l’embauche pour un salarié de moins de 30 ans en contrat de professionnalisation a néanmoins fragilisé l’ambition des Geiq. «C’est complètement contradictoire avec l’ambition de cibler le noyau dur du chômage», regrette Francis Levy.